Thias, le lieu de l’écriture
La plupart des romans et des nouvelles de Robert Margerit ont été écrits dans cette maison bourgeoise de Thias, située dans un parc d’un hectare et lieu de quiétude pour l’écrivain. Demeure des Hugon, dans laquelle Robert Margerit s’installe en 1937 après son mariage avec leur fille Suzanne. Thias est aussi un lieu d’inspiration, notamment pour
La Révolution.
L’écrivain transforme une dépendance pour y installer son « ateliercagibi » où il prend plaisir à modeler, peindre, écrire :
« … Quel calme merveilleux et quelle richesse ! J’ai ouvert la fenêtre du cagibi. En train de lire la dactylographie des
Innocents*, et à présent de noter ceci sur mes genoux, j’entends le bruit de faille de la pluie ; je respire l’odeur de la terre et des feuilles mouillées. La nuit rafraîchie, bercée, parfumée par l’averse, entoure le bonheur de mon esprit qui trouve son lieu au milieu de tous ces livres. La jouissance sensuelle procurée par l’apaisement de ce ruissellement doux dehors, rehausse la volupté spirituelle épanouie de mon intérieur. Heureuse conjonction. Depuis quelques jours, et particulièrement ce soir, il me semble que je tiens un bout du savoir-vivre ».
(Juillet 1946, Journal intime)
À partir des années 50, Robert Margerit alterne séjours à Paris l’hiver et à Thias aux beaux jours. Il évoque le déménagement de ses livres comme un déchirement :
« Un autre effet de ces déménagements saisonniers, c’est de mettre dans un drôle d’état les malheureux livres transportés ainsi de Paris ici, d’ici à Paris. J’ai beau prendre toutes les précautions, ils souffrent. Et ça me fait mal au cœur de voir s’abîmer de la sorte certains qui sont beaux, d’autres rarissimes : des livres que j’ai mis plus de vingt ans à réunir, que j’ai soignés avec amour ! »
(Thias, octobre 1961, Journal intime)
Dans un article du
Populaire du Centre, il s’adresse à Émile Montégut (1826-1895), critique littéraire et ancien propriétaire du domaine :
« Après ma mort, quand je reposerai, peut-être, à mon tour au cimetière d’Isle, un nouvel habitant de notre maison ne m’y retrouvera pas plus que je ne t’y retrouve. Les collines bleues seront toujours là, le vent continuera de faire bruire doucement les feuillages du parc, les merles siffleront dans l’allée noire, comme ils sifflaient de ton temps et comme ils sifflent du mien ».
(Cahier XI - 2007 p. 116)